• Police, enseignement, … services publics, même combat !

    Police, enseignement, … services publics, même combat !

    "Lorsque je suis tombé sur cet interview... et ce livre, je n'en revenais pas. Rejaillisaient des problématiques identiques largement connues en tant qu'enseignant et formateur au sein de l'Education nationale. Police-enseignement : même combat? On le dirait bien!... et on pourrait poursuivre longtemps la liste des services, métiers, personnes qui pourraient s'y reconnaitre!

    "Désobéir est parfois un devoir"*, ai-je affirmé dans mon dernier livre. Cette phrase pourrait être affichée partout, tellement le principe d'obéisssance a gangréné tous les milieux aujourd'hui, avec ses maitres-mots : hiérarchie - évaluation – individualisme – abandon des valeurs ...

    NB : j'ai d'ailleurs surligné les passages communs, sur lesquels nous ne pouvons que nous retrouver.

     

    Face à cette démocratie hiérarchique, n'est-il pas temps de réclamer une démocratie de la rsponsabilité?

     

    Je vous livre donc cet interview d'un policier qui ose parler... et qui a décidé de quitter ce navire qui tangue. Je fais rebondir celui-ci avec un petit ouvrage qui est récemment sorti et qui lance 10 propositions salutaires pour changer notre police. Tiens, on pourrait le faire aussi dans d'autres milieux, non?

                                                                                                             Fr. Le Ménahèze

    * Le Ménahèze F. (2020). Désobéir est parfois un devoir. Éditions libertaires.

     

    À partir d'une interview sur Radio Canada Informationdu policier Alexandre Langlois.

    Policier, il claque la porte et dénonce une dérive autoritaire des dirigeants français.

    Écœuré par les actualités récentes et les commandes politiques, le policier français Alexandre Langlois a demandé à être relevé de ses fonctions. Notre correspondante Marie-Eve Bédard l'a rencontré.

    Alexandre Langlois est agent de la police nationale française au service de renseignement. Militant syndicaliste il dénonce ce qu’il qualifie de dérives et dysfonctionnements de l’institution dans le livre « L’ennemi de l’intérieur – Dérives et dysfonctionnements de la police nationale » 2019. Talma Studios.

    Interview ici : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1754715/france-alexandre-langlois-police-derive-autoritaire-dirigeants-francais

     

    Je suis entré avec plein d’idéaux, le chevalier blanc qui vient défendre la veuve et l’orphelin qui va être utiles à la société, qui va défendre le plus faible contre le plus fort, qui va permettre de mettre fin à des crimes et des délits, enfin voilà la protection des gens. Et c’est au fur et à mesure, plus les années avançaient, plus j’ai vu l’envers du décor. En fait, on ne doit plus remplir ces missions-là, on doit faire du chiffre, rentrer des chiffres, faire de la statistique qui sont complètement déconnectés de la réalité et du sentiment de sécurité.

    Récemment on nous a demandé « qu’est-ce que les gens pensent des discours de Mr Macron ? » Je veux dire NON, si vous voulez savoir ce que pensent les gens de ce que dit M Macron vous faites un sondage avec un institut de sondage, ce n’est pas à la police d’aller se renseigner pour faire ce travail. On arrive donc à ces dérives, il y a une instrumentalisation de la police, une dérive dans les missions de la police et de son utilisation qui n’est plus comme moi où j’étais entré dans la police au service de la population pour le bien être général mais pour des besoins de communication on se sert de la police, on la jette en pâture s’il y a besoin.

    J’ai toujours essayé d’être à l’intérieur pour essayer de réformer les choses qui pouvaient se réformer de l’intérieur. Aujourd’hui c’est devenu impossible malheureusement. J’avais dit que le jour où ce serait sans espoir de le faire de l’intérieur je partirai de la police. Voilà, on est arrive à ce point de non retour.

    Dans la police nationale, on est sanctionnés non pas pour commettre des violences (il cite les nombreux faits récents…) A l’inverse, quand on dénonce des dysfonctionnements, des dérives – on dit qu’il y a des propos racistes qui sont tenus, il y a des violences inadmissibles, des ordres illégaux, et bien on se retrouve en conseil de discipline pour avoir manqué à son devoir de loyauté. On a en France une inspection générale qui contrôle la police. C’est-à-dire que la police se contrôle elle-même, c’est une exception dans les polices européennes. D’habitude ce sont des organes indépendants pour des raisons de transparence. Donc quand quelqu’un a des problèmes avec la police il va voir … la police qui est sous les ordres d’un ministère et si ça met en cause un commissaire, un préfet, un ministre, bien évidemment l’enquête va être vite orientée, ou enterrée. Il y a donc ce côté impossible.

    La loi sécurité globale a rajouté le fait qu’on ne peut plus filmer les policiers...ou si, en prenant des risques. Résultat des courses : le seul moyen de preuve de montrer ce qui se passe en interne ne sera plus possible (dernier exemple Michel Zeclerc). A partir de ce moment là on ne peut plus rien faire. On est sanctionné en interne, c’est terminé.

    Je me suis dit à ce moment là, je quitte la police nationale parce que malheureusement il y a deux méthodes pour rester dans la police, de faire ce que j’ai fait en prenant un mandat syndical soit de parler haut et fort les dysfonctionnements, soit à l’inverse d’être très discret, et d’essayer de faire au mieux son travail et de respecter la légalité. Et ces gens là il y en a encore beaucoup dans la police heureusement, mais à un moment ils ne pourront plus tenir. Ce n’est pas pour rien que la police française a un taux de suicide de 1 par semaine quasiment en moyenne (mêmes « comptes » environ dans l’Education nationale) parce qu’il y a une perte de sens du métier, un management délétère et que rien n’est mis en place. La plupart des suicides de policiers c’est à cause de leurs conditions de travail et la seule réponse du ministre a été de mettre en place un numéro vert qu’on appelle quand on a le temps. Quand on est en plus grande détresse, en plus grande souffrance ce n’est pas à ce moment-là qu’on appelle un numéro vert. Et dans les faits le nombre de suicides n’a pas changé. Il existe en fait une instrumentalisation de la souffrance pour faire bien vis-à-vis de l’opinion publique. C’est la première cause de mortalité des policiers en service. A coté de cela la population ne se reconnaît pas dans sa police. Aujourd’hui quelqu’un va voir un policier, il se dit qu’est-ce qu’il va me trouver. En caricaturant à outrance, les honnêtes citoyens ont peur de leur police et les délinquants, les criminels en rigolent.

    Il y a des gens violents qui entrent dans la police et qui ne sont pas encadrés. Le problème est déjà au niveau du recrutement. Qui on recrute dans la police nationale et pourquoi certaines personnes vont passer le filtre. Depuis que M Macron est président le niveau de la police nationale est passé à 8 de moyenne la première année du quinquennat, la 2ème année, comme il n’y avait pas assez de candidats qui réussissaient, ils ont baissé le niveau du concours et sont passés à 8 de moyenne quand même.On se retrouve avec des élèves gardiens de la paix, donc le premier grade dans la police, qui défraie la chronique dans une école de police car ils ne respectent pas le confinement et ils agressent pratiquement les policiers qui sont chargés de la garde de l’école. La police nationale veut tellement de policiers sur le terrain , plutôt que de la qualité, de la quantité. Ces policiers en école s’ils consomment du stup, s’ils conduisent en état d’ivresse, n’ont pas de sanction pénale, ils ont juste des points en moins sur leur moyenne. Le but est de les faire sortir quoiqu’il arrive.

    Qu’elle que soit la raison le problème de l’IGPN n’est pas la recherche de la vérité mais à faire plaisir aux autorités supérieures.

     

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    10 propositions pour une police de la confiance

    issu du livre-rapport « Que faire de la police ? », François Ruffin, Fakir éditions. 2020.

    Il y auditionne des chercheurs, ONG, victimes, syndicats de policiers, hiérarchie

    voir aussi dans la revue « Fakir » n° 95, octobre-décembre 2020

     

    1- Une police formée

    Augmenter le temps de formation initiale qui vient de passer de un an à 9 mois. (réduction de la formation dans le dernier projet de loi de finance 2020).

    Passer d’une formation continue zéro à une formation 0 + n.

     

    2-Le modèle d’autorité

    Former oui, mais à quoi ? Passer de la maxime « Force doit rester à la loi » à la construction d’une relation de confiance avec la population (système danois).

    Maîtres-mots de la formation pour une « police réflexive » : analyse de la pratique, évaluation et réflexion sur le métier.

     


    3-Le contrôle d’identité

    Passer d’un contrôle d’identité massif, stéréotypé et ciblé (devenu un « implicite policier ») à un contrôle réfléchi, justifié, puis analysé.

     

    4-Un contrôle externe

    Passer d’un contrôle externe ténu, voire inexistant mené par une chaîne de contrôle interne (commandement – ministère de l’Intérieur) à une redevabilité directe devant les citoyens.

     

    5-La police des polices

    Face à une certaine partialité de l’IGPN, créer une institution indépendante, légitime et impartiale ( systèmes anglais, belge, danois, etc).

     

    6-Une chambre spécialisée

    Mettre en place une chambre spécialisée juridictionnelle neutre (hors département) dans les relations police-institution.

     

    7-Le moment facebook-twitter-snapchat

    La liberté d’information doit primer. Filmer les interpellations doit rester un droit.

     

    8-Des ponts

    Aller vers des ouvertures de la police avec d’autres corps de métier afin d’engager une réflexivité sur le métier (système anglais).

     

    9-Le pilote politique

    Pour une chaîne hiérarchique qui donne des lignes directrices de doctrine, reconnaisse les errements et les corrige.

     

    10-Une police écologique

    Pour une intégration de la police à la société et aux enjeux actuels. Pour des « États généraux de la police de la confiance ».

     


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