•  

    Nombreux appuis et soutiens

    Nombreux appuis et soutiens

     

    Les appuis et soutiens ont été nombreux : direction de l'IUFM de Nantes, parents d'élèves, étudiants et stagiaires en formation ou récemment sortis, anciens résistants (Stéhane HEssel, Raymond Aubrac, ...), mairie, députés, chercheurs et universitaires, collègues formateurs, enseignants, ICEM national et de divers départements, ...

    Soutien à François LE MENAHEZE

    dans le cadre de la résistance pédagogique

     

     

    En septembre 2010, François Le Ménahèze, professeur des écoles, directeur de l’école Lucie Aubrac à Saint-Lumine de Clisson (44) et formateur associé à l'IUFM des Pays de La Loire, reçoit un courrier de Monsieur l'Inspecteur d’Académie de la Loire Atlantique, l’informant de sa non reconduction sur son poste de formateur associé à l’IUFM de Nantes (poste qu’il occupe depuis une dizaine d’années) compte tenu de sa « manière de servir ». Il n’a en effet pas fait remonter les résultats des évaluations nationales CM2 de l’année scolaire précédente. Après plusieurs audiences et de nombreux courriers (dont un « courrier de loyauté » exigé par l'Inspecteur d'Académie et… refusé par ce même Inspecteur d’Académie pour non-conformité à l’obéissance aux instructions officielles), malgré de nombreux soutiens et protestations (parents, élus, syndicats, mouvements pédagogiques, université, IUFM, formateurs, étudiants, stagiaires…), l’Inspecteur d'Académie maintient sa décision. Les divers recours déposés par François Le Ménahèze n’y font rien.

    Début avril 2011, François Le Ménahèze reçoit un nouveau courrier (avec accusé de réception) l’informant d’un nouveau « comportement professionnel non-conforme » comportant un nouveau retrait de salaire « pour service non fait » (non remontée des résultats des évaluations CM2) et engageant une procédure disciplinaire à son encontre. Le lendemain, il reçoit un autre courrier de l’Inspecteur d'Académie l’informant d’une seconde procédure disciplinaire pour faute professionnelle en raison de son refus d'une inspection individuelle. En effet, suite à un avis d’inspection, François Le Ménahèze a décidé, pour la première fois de sa carrière (30 années d’exercice), de refuser l’inspection individuelle compte tenu du traitement de l’Institution à son égard. L’Inspectrice de l'Éducation nationale a néanmoins procédé ce jour-là à une « visite » dans la classe et dans l’école, observant les élèves au travail et consultant les outils de la classe, des élèves, de l’enseignant et de la direction.

     

    En conséquence, nous adhérons aux finalités et objectifs du comité de soutien :

     

    ·         Défendre et promouvoir, à travers le cas de l'enseignant/directeur/formateur François Le Ménahèze, l'exercice d'un métier, reposant sur une éthique professionnelle et une liberté pédagogique responsables, pour une école laïque respectueuse de la dignité et des droits des personnes, enfants et adultes, qui en sont les acteurs.

    ·         Défendre, à travers le cas de François Le Ménahèze, toutes les enseignantes et tous les enseignants qui défendent les valeurs d’un service public d’éducation.

    ·         Agir pour mobiliser toutes celles et tous ceux qui se battent pour une école de l’émancipation libérée de la caporalisation administrative et des crispations autoritaristes, confiante dans ses acteurs et promouvant ceux et celles qui militent pour une pédagogie au service de la réussite de tous les élèves.

    ·         Mobiliser rapidement le comité de soutien en cas de tout nouvel événement, mesure disciplinaire et/ou commission disciplinaire.

    ·         Coordonner ses actions à celles du réseau départemental et à celles du réseau national des enseignants en résistance.

    ·         Organiser une résistance collective pour aboutir à l’annulation de toute mesure disciplinaire à l’encontre de François Le Ménahèze.

     

     

     

    Stéphane HESSEL                                                    Didier MAGNIN

    Ambassadeur de France             ,Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui

     

     

     

     

    Les formateurs de l’IUFM du site de Nantes ont appris avec stupéfaction et regret votre décision de ne pas affecter une décharge horaire permettant à François le Ménahèze de poursuive la mission de formateur qu’il exerce depuis huit ans au sein de l’institut.      

    La qualité de ses apports théoriques et réflexifs, sa capacité à accompagner les étudiants les rendant pleinement acteurs dans leur projet de formation, son souci permanent de différenciation et de mutualisation au sein des groupes, dans le contexte de redéfinition importante des enjeux de la formation, vont manquer fortement aux étudiants comme en termes de dynamique d’équipe.En effet, les compétences des uns et des autres, universitaires et non universitaires, constituent la garantie de mener de front la mastérisation, la préparation à un concours sélectif sans perdre de vue la professionnalisation des étudiants pour un métier de plus en plus complexe.

    C’est pourquoi, sous couvert de Monsieur le Directeur de l’IUFM, nous en appelons à votre très haute bienveillance et vous prions de revenir sur cette décision qui prive l’Ecole interne de l’Université d’un de ses rares formateurs qui, au prix d’une énergie incroyable, parvient à concilier ses tâches de formation tout en continuant à exercer le métier d’enseignant et de directeur sur le terrain.

    Nous vous prions de croire, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, à l’expression de nos salutations respectueuses et vous remercions par avance de l’attention que vous porterez à notre demande.

    Les formateurs de l'IUFM de Nantes

     

     

     

     

     

     

     

    Monsieur le Ministre,

     

    François Le Ménahèze vient de se voir refuser par l’Inspecteur d’Académie de Loire-Atlantique un poste de formateur à mi-temps proposé par le Directeur de l’IUFM de Nantes dans le cadre de la masterisation des futurs professeurs des écoles. De notre point de vue, il nous apparaît dommageable que l’administration se prive d’un enseignant-formateur ayant depuis bien longtemps fait ses preuves auprès des professeurs des écoles en formation initiale et continue et que, de ce fait, la pédagogie Freinet ne soit plus portée auprès des futurs professeurs des écoles par une personnalité dont l’expertise en la matière n’est plus à démontrer. En d’autres termes, François Le Ménahèze est un professionnel reconnu par son administration de tutelle, par l’organisme au sein duquel il intervient en tant que formateur, par ses pairs au sein de l’institution et par son mouvement pédagogique, l’ICEM- pédagogie Freinet, que le Ministère de l’Éducation Nationale subventionne en tant qu’association éducative complémentaire de l’enseignement public.

     

     

     

     

    Parmi les arguments qui sont avancés pour s’opposer à sa demande, il lui est reproché de n’avoir pas transmis les résultats des évaluations CM2. Cet argument nous apparaît un tant soit peu discutable quand on sait les nombreuses réserves que ces évaluations ont suscité, tant chez les enseignants que chez les chercheurs en sciences de l’éducation. De plus, il nous semble abusif de justifier ce refus par un argument qui n’est pas en lien avec la demande de monsieur Le Ménahèze. Par comparaison, on n’abaisse pas la moyenne d’un élève, on ne s’oppose pas à son passage dans une classe supérieure au prétexte qu’il n’a pas respecté un point du règlement intérieur de son établissement.

     

    C’est pourquoi nous demandons instamment que monsieur Le Ménahèze puisse accéder à ce poste de formateur à mi-temps dans l’intérêt de l’institution scolaire et des futurs professeurs des écoles.

    Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre parfaite considération.

     

    Christian Rousseau, Président de l’ICEM – Pédagogie Freinet

     

     

     

    Quand François souffre,

     

    c’est tout le monde de la pédagogie qui pleure et se révolte.

     

    On avait déjà vu un inspecteur d’académie transformer son inspection académique à Toulouse en tribunal militaire pour martyriser Alain Refalo qui avait commis le crime de ne pas appliquer bêtement les consignes sorties des tuyaux d’orgue, et d’avoir, au nom de la liberté pédagogique inscrite dans la loi, choisi de prendre tous les élèves durant le temps dévolu à la supercherie de l’aide individualisée plutôt que d’en stigmatiser quelques uns.

     

    On a vu ensuite un grand nombre d’inspecteurs d’académie rechercher l’apaisement, calmant même parfois les ardeurs de jeunes inspecteurs-pilotes qui pourchassaient les désobéisseurs. Il  est vrai que dans le même temps, ce dispositif imposé sans concertation et sans la moindre dépense, grâce à l’économie du passage à la semaine de quatre jours, était critiqué de toutes parts et sur tous les bords, y compris par des sommités du monde de la médecine ou de la politique, par une commission parlementaire unanime, et même par des membres de cercles éminents de capitaines d’industries. Il est vrai que ce dispositif ne pourra être maintenu, le ministère lui-même reconnaissant qu’il ne fonctionne que pour les meilleurs des élèves repérés. Faut-il rappeler qu’en dehors de quelques experts marchands de fichiers, tous les pédagogues français étaient hostiles à cette aide individualisée telle qu’elle était conçue et imposée avec un autoritarisme qui n’avait pas de précédent dans l’histoire de l’école depuis la fin de la seconde guerre mondiale

     

    Il est évident que le pouvoir politique avait tout intérêt à rechercher l’apaisement, surtout dans un contexte où contestations et sondages posaient de plus en plus de problèmes. Le syndicat majoritaire des inspecteurs lui-même qui avait pourtant cautionné cette mesure s’est empressé de solliciter une rencontre, certes à Carcassonne plutôt qu’à Toulouse, pour échanger les points de vue et rechercher des accords possibles. Ici et là, la souplesse était devenue de mise. Il est vrai que ce n’est jamais simple pour l’encadrement de retourner sa veste tous les deux ou trois ou cinq ans. Après avoir dit que les programmes de 2002 étaient excellents, fruit d’une large concertation, il leur a fallu dire qu’ils étaient nuls et que le ministre avait eu raison de les balayer d’un revers de main pour imposer ceux de 2008, fac similé de ceux de 1923. Ils doivent commencer à dire que l’aide individualisée a été une expérience et qu’elle sera abandonnée au titre des pertes sans profit. 

     

    C’est dans ce contexte que François Le Ménahèze, un enseignant compétent, reconnu, apprécié, un militant pédagogique engagé à l’ICEM Freinet, un formateur recherché, est victime d’un acharnement surprenant dans un pays démocratique comme le nôtre, dans une institution où éducation est synonyme de liberté et d’intelligence. D’abord empêché d’exercer ses fonctions de formateur en IUFM sous des prétextes les plus fallacieux avant que la vérité ne soit dite : les militants pédagogiques engagés dans une transformation émancipatrice, progressiste, démocratique de l’école ne peuvent participer à la formation des maîtres. Considérés comme subversifs, inaptes à la pensée unique, ils sont jetés. Ensuite, la cascade de sanctions, de menaces, de retenues de salaire, de convocations devant des instances disciplinaires où l’on sait que la voix du procureur est déterminante puisque dans la parité, les cadres ont l’obligation de voter comme le chef et que le chef a finalement le pouvoir suprême de condamner seul.

     

    Au-delà du règne de la pensée unique si souvent proche de la bêtise, on assiste à ce phénomène bien connu dans les systèmes totalitaires : un certain nombre de chefs veulent toujours aller plus loin que la seule réponse aux injonctions de l’échelon supérieur et quand l’échelon supérieur a compris qu’il s’était fourvoyé, il faut toujours un temps pour que les chefs zélés comprennent à leur tour que le temps est venu de remettre de l’humain et de la démocratie dans le système.

     

    Solidarité avec François au nom de la liberté, de la démocratie, de l’intelligence collective, de la pédagogie et des valeurs qui nous unissent !

     

    Tiens bon François. Tu n’es pas seul. Des jours meilleurs arrivent pour l’école et pour la pédagogie.

     

    Pierre Frackowiak     Inspecteur de l’Education Nationale retraité

     

    Co-auteur avec Philippe Meirieu de "L'éducation peut-elle être encore au cœur d'un projet de société?". Editions de l'Aube. Mai 2008. Réédition en format de poche, octobre 2009

     

    Auteur de "Pour une école du futur. Du neuf et du courage." Préface de Philippe Meirieu. Editions La chronique sociale. Lyon. Septembre 2009

     

    Auteur de « La place de l’élève à l’école».  Editions La chronique sociale. Lyon. Janvier 2010.

     

    Auteur de tribunes, analyses, sur les sites « cafepedagogique.net », « educavox.fr », « meirieu.com »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    extrait café pédagogique

      

    François Le Ménahèze s'est

    vu retirer en début d'année scolaire son poste de formateur d'enseignants au motif de "sa manière de servir" et particulièrement de son "refus d'appliquer les instructions nationales". En l'occurrence il s'agit de la non remontée des résultats des évaluations 2009-2010. L'inspection académique avait alors sanctionné cette non remontée par une retenue sur salaire renouvelée cette année pour le même motif.  

     

     

    Un enseignant "désobéisseur" harcelé en Loire-Atlantique

     

    Une nouvelle étape dans la répression contre les enseignants "désobéisseurs" se joue en ce moment en Loire atlantique avec le harcèlement administratif qui frappe François Le Ménahèze.

     

     

     

     

     

    Ces lourdes sanctions n'a pas suffi à l'inspecteur académique de Loire atlantique. En février il diligentait une inspection que F Le Ménahèze refusait. Compte tenu de ce refus et du renouvellement de la non remontée des évaluations, l'inspecteur d'académie a décidé d'engager une procédure disciplinaire pour faute professionnelle. Ces décisions sont prises dans un département où le nombre de désobéisseurs, malgré les pressions de l'inspection, reste important. Cela tient en partie à la personnalité d'acteurs comme F. Le Ménahèze qui était un formateur reconnu et très sollicité par les enseignants.

     

     

     

    Quel objectif pour quelle rentabilité ? Si les désobéisseurs ne sont pas des "serviteurs serviles", ce sont des enseignants très engagés dans leur métier. F Le Ménahèze a été durant ses 30 années de service reconnu et salué comme tel par l'institution.  S'il n'applique pas à la lettre les instructions officielles sur l'évaluation et l'aide personnalisée, il évalue ses élèves et met en plcae une aide efficace. C'est dire que les sanctions qui le frappent ne laisseront pas indifférents les enseignants du département. Ces sanctions qui frappent un enseignant estimé pourront être perçues comme une véritable chasse aux sorcières visant la soumission absolue à l'autorité, une conception du métier qui se heurte à l'éthique de la profession. En s'avançant sur ce terrain, l'inspecteur d'académie de Loire Atlantique prend le risque de relancer le mouvement de résistance et son autorité remise en question , par exemple par des décisions de justice, comme cela est arrivé à ses collègues.

     

     

    Lettre ouverte de Hubert MONTAGNER,

    Professeur des Universités en retraite et

    ancien Directeur de Recherche à l’INSERM 

     

    SADIRAC, le 20 mai 2011

     

     

    Monsieur Bernard JAVAUDIN

                                                               Inspecteur d’académie de Loire-Atlantique

    7 route de la Jonelière

    BP 62214 - 44322 Nantes CEDEX 3

     

     

    Monsieur l’Inspecteur d’académie,

     

    ayant eu l’honneur et le plaisir d’être invité à plusieurs reprises dans le département de Loire-Atlantique au cours des trois dernières années, j’ai eu le privilège d’y rencontrer de nombreux professionnels de qualité dans les domaines de la petite enfance et de l’école, en particulier des enseignants en quête permanente d’innovation et de stratégies pour servir encore mieux les enfants-élèves. En interaction positive avec les parents et familles, mais aussi les autres acteurs de l’école, ils dépensent sans compter leur temps et leur énergie. C’est le cas de Monsieur François LE MENAHEZE, Professeur des écoles, directeur d’une nouvelle école très appréciée, réputée et recherchée, mais aussi formateur dans le cadre de l’IUFM et de l’Université, sans oublier ses interventions et apports dans les colloques consacrés à l’éducation et à la pédagogie. Soucieux de l’intérêt premier des enfants, cet homme remarquable est respecté par tous. Il est donc difficile de comprendre que vous ayez décidé de le punir alors qu’il n’a commis aucune faute ni au plan de la déontologie et de l’éthique ni au plan de la cohérence de ses engagements de maître et de pédagogue. En refusant les évaluations nationales pour des raisons morales, éthiques et professionnelles tout à fait fondées, Monsieur François LE MENAHEZE n’a pas commis davantage de fautes par rapport à la Constitution de la FRANCE ni par rapport aux lois de la République française. Les circulaires et directives ministérielles ne sauraient être assimilées à des lois, surtout quand elles sont discutables et quand elles ne règlent aucune des difficultés scolaires que les organismes internationaux ne cessent de souligner (rapports de l’OCDE, enquêtes PISA...).           

     

    Monsieur François LE MENAHEZE est précisément un enseignant et un pédagogue dont la vision éducative est “positive et généreuse”. “Elle cherche à encourager plutôt qu’à rabaisser”. Monsieur François LE MENAHEZE fait honneur à la FRANCE, à ses valeurs humanistes et à ses valeurs intellectuelles en refusant logiquement les évaluations que le Ministère de l’Education Nationale a imposées aux élèves, enseignants... et parents dans les classes de CE1 et de CM2. En effet, sans cohérence éducative, ces évaluations s’inscrivent notamment dans la “culture de la négativité” dénoncée par Monsieur Peter GUMBLE. Avec ses amis de  “Résistance Pédagogique”, Monsieur François LE MENAHEZE refuse “les évaluations nationales actuelles qui participent à la mise en concurrence des établissements scolaires et des enseignants et permettent les rapprochements et la mise en relation des fichiers, d'ailleurs jugée illégale par le Conseil d'État le 19 juillet 2010”. Engagé dans des recherches scientifiques sur le développement, les comportements et les rythmes de l’enfant dans ses différents lieux de vie depuis plus de trente ans, et soucieux de ses équilibres “biopsychologiques”, je ne peux que souscrire aux fondements de leur engagement : faire de la “résistance pédagogique, démarche éthique et responsable”...“un levier qui porte l’exigence d’une école respectueuse des droits de l’enfant, une école au service du progrès de tous, une école qui préfigure une société plus juste et plus solidaire. Elle s’appuie directement sur la liberté pédagogique inscrite dans la loi, mais bafouée dans les faits”. Un tel mouvement est une chance pour la société et la nation. Il nous conduit à réfléchir sur nous-mêmes, et sur le sens de notre vie. En tant que citoyen, universitaire et chercheur dans les domaines du développement, du comportement et des rythmes de l’enfant, et même si je ne suis pas pédagogue, je me permets de vous écrire, Monsieur l’Inspecteur d’académie, que vous n’avez pas le droit, à travers la personne de Monsieur François LE MENAHEZE, d’ignorer un tel mouvement. Fondé avant tout sur le respect des enfants... de tous les enfants, il est juste et honnête. En revanche, il n’est pas juste que vous punissiez un homme de devoir qui inscrit, sans concession, sa mission d’enseignant et de pédagogue dans l’intérêt supérieur des enfants, en toute  positivité et générosité. Etes-vous sûr que tous vos collègues Inspecteurs d’académie partagent votre position et votre sanction, mais aussi certains fonctionnaires du Ministère de l’Education Nationale ? Je peux affirmer que NON.

     

    En outre, je suis surpris qu’un homme de votre importance, et, on peut le penser, de votre qualité, ait enfermé Monsieur François LE MENAHEZE dans une spirale interactive et agressive qui s’apparente à un harcèlement (selon LE LAROUSSE, harceler est défini comme “tourmenter avec obstination, soumettre à des critiques, à des moqueries répétées”), alors que le Ministre de l’Education Nationale a créé récemment un “conseil scientifique sur le harcèlement scolaire” et vient d’organiser des “Assises Nationales sur le harcèlement scolaire”. S’agirait-il de deux phénomènes fondamentalement différents ? Ce qui serait vrai pour les interactions entre enfants ne le serait pas pour les interactions entre les Professeurs des écoles et leur hiérarchie ?

     

    Monsieur l’Inspecteur d’académie, votre position et votre décision sont d’autant plus incompréhensibles que la conception, l’organisation et le traitement des évaluations ne peuvent avoir aucun crédit. En effet, quelle que soit leur justification, les objectifs, la démarche, la “méthode”, les “protocoles” et les “outils” sont biaisés ou “à géométrie variable”. Les  chiffres et pourcentages sont donc faux.                           

     

     

    Monsieur l’Inspecteur d’académie, vous servez une mauvaise cause. Certains de vos homologues en sont conscients et ont donc décidé d’adopter une attitude beaucoup plus nuancée que la vôtre, voire de ne pas infliger la moindre sanction, malgré la pression de leur Ministère de tutelle (si vous saviez ce qu’ils disent !). En tant que fonctionnaire et en principe garant d’une école de la réussite, votre devoir et votre honneur sont de servir les élèves, les maîtres et l’école dans l’intérêt de chaque personne, et dans l’intérêt également supérieur de la nation. En toute humilité, et avec évidemment le respect qui vous est dû, je vous demande donc de reconsidérer votre position à l’égard de Monsieur François LE MENAHEZE. Il ne mérite certainement pas l’opprobre dont il est injustement la victime. La nation a besoin de professionnels de sa qualité morale, de ses compétences, de son intelligence... et de son humanisme. Résidant à 30 km du “manoir” de Michel Eyquem de MONTAIGNE, je suis sûr que cet “homme phare” de la littérature, de la philosophie et de la culture humaniste  de la FRANCE ne l’aurait pas désavoué.

     

    En espérant que vous voudrez bien prendre ma demande en considération, je vous prie d’agréer, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, l’expression de mes sentiments respectueux, et de croire en toute ma considération.

     

    Hubert MONTAGNER    Dr ès-Sciences      Professeur des Universités en retraite

    ancien Directeur de Recherche à l’INSERM

    ancien Directeur de l’Unité “Enfance Inadaptée” de l’INSERM

    21 Clos du Guillan   33670 SADIRAC  

      

      

      

    François Le Ménaheze est sanctionné pour « service non fait » (résultats d’évaluations non transmis) et pour « faute professionnelle » (refus d’inspection). Retraits sur salaire, engagement de procédures disciplinaires, refus de reconduire le détachement de l’intéressé auprès de l’IUFM des Pays de la Loire : la réplique institutionnelle se veut lourde et la jauge de sa sévérité dissuasive. De quel crime cet enseignant tranquille, directeur d’école, militant pédagogique bardé de diplômes, défenseur ardent du droit des enfants et formateur apprécié s’est-il rendu coupable ? De « service non fait » ? Une plaisanterie sans doute. Imagine-t-on que les élèves de son école échappent à toute évaluation ? Que le mot d’ordre lancé par des enseignants du mouvement Freinet décrète que « les évaluations nationales ne passeront pas par nous » ne signifie nullement que ceux qui font profession de le reprendre à leur compte manquent à leur mission : comme François Le Ménaheze, ils évaluent leurs élèves et comme lui, par conséquent, ils « font leur service ». Par quel miracle ou malignité le sabir administratif peut-il ainsi transformer en « service non fait » la seule non-transmission de résultats ? Voyons les faits de plus près.

     

    François Le Ménaheze évalue ses élèves en pédagogue, c’est-à-dire aux fins seules d’ajuster son enseignement à ce que requiert leur réussite, elle-même comprise en termes d’acquisitions et d’émancipation. Où donc est le crime ? Dans le refus des évaluations nationales. François Le Ménaheze refuse ces évaluations, non pas en raison de leur ineptie, unanimement reconnue –   passées trop tard pour avoir fonction de diagnostic, trop tôt pour valoir comme bilan, valant cependant comme bilan ; donnant lieu à bachotage, à truquages, à corrections aléatoires et in fine à bricolage statistique des résultats – il les refuse, en bref, non à cause de leurs tares, mais parce qu’il est républicain. Il est un fonctionnaire en effet assez responsable pour savoir qu’on n’objecte pas une clause de conscience à des prescriptions officielles au motif seul que leur esprit ne brille que d’un feu petit. Or, intellectuel avisé, il ne lui échappe pas qu’une formule d’évaluations aussi attentatoire à la rationalité pédagogique n’a finalement cure de la pédagogie parce qu’au fond son enjeu est ailleurs. Enfin, enseignant de haute volée et d’éthique professionnelle aiguisée, il pressent évidemment que les usages prévisibles auxquels on peut croire destinées des évaluations ainsi conçues contestent frontalement les valeurs fondatrices de l’école qu’il défend. Sa décision, prise en conscience, clairement assumée, s’inscrit dans le contexte qui l’a conduit, en 2008, à rejoindre le mouvement de « résistance pédagogique ». Il suffit en effet d’un minimum de sens critique pour apercevoir que les palanquées de réformes qui accablent ce qui reste du service public d’éducation conspirent la subversion du paradigme républicain de l’école. Le malaise qui s’amplifie tient à cette contradiction entre un corps enseignant dans sa masse encore républicain et un appareil scolaire qui ne l’est plus, ou qui ne conserve plus de la république que le vocabulaire, pour des raisons de maintien de l’ordre. Qu’une nation qui ferme des écoles et ouvre des prisons, humilie les enseignants et glorifie la police finisse par substituer la répression au débat public, cela même répond à une certaine logique. Or, de cette situation s’émeuvent aujourd’hui même des inspecteurs généraux, même des membres du syndicat des inspecteurs d’académie et de celui des inspecteurs de l’Education nationale : ils se refusent à la vassalité qu’encourage le caporalisme ministériel, rappellent que les élèves, citoyens de demain, n’ont pas à faire les frais de la politique d’endettement de l’Etat et, contre le fétichisme du dividende, en appellent aux valeurs républicaines.

     

    Pourquoi, finalement, François Le Ménaheze est-il sanctionné ? On lui ôte 1/30ème de son salaire mensuel et pourtant il fait son service, il évalue ses élèves. Mais à cela près qu’il ne lui viendrait pas à l’idée de prétendre à la prime de 400 € qui gratifie ceux qui acceptent de faire passer les tests nationaux. Cela pose la question de savoir quel est au juste l’objet de cette rémunération dès lors que l’évaluation fait partie intégrante du service. Le crime de François Le Ménaheze est sans doute là, dans le refus de vendre ce qu’entend lui acheter le pouvoir : sa conscience. Il ne se veut ni au pas, ni aux ordres, ni couché : sa conscience n’est pas à vendre. L’autorité qu’il brave ne lui oppose que des raisons triviales : en tentant de lui extorquer sous un pitoyable alibi pédagogique son consentement à concourir à terme au classement des écoles et au fichage à vie des élèves, elle diffame en lui le vif de ses convictions pédagogiques et républicaines.

     

    En résumé, voilà donc qu’un fonctionnaire d’autorité mobilise toute la puissance du Léviathan administratif contre un homme désarmé pour le briser et faire plier sa conscience. Or, à propos de circonstances de ce type, on doit à Spinoza d’avoir dit exactement ce qu’il faut entendre : « … il est impossible que l’âme d’un homme relève absolument du droit d’un autre homme. Personne ne peut transférer à autrui son droit naturel, c’est-à-dire sa faculté de raisonner librement de toutes choses ; et personne ne peut y être contraint. C’est pourquoi l’on considère qu’un Etat est violent quand il s’en prend aux âmes… ». Ainsi, ce n’est que par violence ou contrainte et donc par déni de justice qu’un droit de résistance peut se voir frappé de sanctions. Celles-ci n’humilient pas seulement celui qui les inflige, elles honorent celui qui les endure.  

    Jacques Thullier

    IEN, Formateur de l’IUFM des Pays de la Loire 

    Isabelle Vinatier

    Professeur d’Université, Université de Nantes  Lire la suite...


    votre commentaire
  • Suite à un courrier de refus de poursuivre mon rôle de formateur associé (à mi-temps) à l'IUFM de Nantes, poste que j'occupais depuis plus de 10 ans, les réactions se sont fait vives.

    Motif : en raison " de ma manière de servir" (dixit dans le texte) : je refusais entre autres de faire remonter les chiffres et pourcentages des résultats des évaluations nationales récemment mises en place par le ministère (2008/2009); je refusais également, en tant que directeur d'école, de ficher les élèves via le fichier Base élèves.         ...

    Lire la suite...


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique