• Sanction : blâme. Une fin pitoyable!

    Après nombre de pressions, menaces et sanctions de la part de l'administration;

    après nombre d'appuis, soutiens, actions de ma part et de la part de la résistance collective qui s'est organisée;

    Une fin pitoyable : je reçois un blâme!

    et l'inspecteur d'académie part à la retraite!

     

    Sanction : blâme. Une fin pitoyable!

     

     

    Sanction : blâme. Une fin pitoyable!Après nombre de pressions, menaces et sanctions de la part de l'administration;

    après nombre d'appuis, soutiens, actions de ma part et de la part de la résistance collective qui s'est organisée;

    Une fin pitoyable : je reçois un blâme!

    et l'inspecteur d'académie part à la retraite!

     

     

     

    Une année sur une autre planète !

     

     

     

    Par François Le Ménahèze, juin 2011

    L’inspecteur d’académie de Loire-Atlantique avait commencé par refuser de me voir poursuivre mon rôle de formateur sous prétexte que je ne pouvais exercer ma fonction de directeur d’école à mi-temps (ce que je faisais déjà depuis deux ans !) et pour « ma manière de servir », en refusant de me plier aux remontées chiffrées des évaluations nationales.

    J’ai donc pu exercer à plein temps ma fonction d’enseignant…et de directeur !

    Merci monsieur l’inspecteur d’académie !

     

    Je termine cette année avec une sanction institutionnelle sous forme de blâme pour faute professionnelle en raison d’un soi-disant refus d’inspection. Je rappelle que l’inspectrice a réalisé une visite, conclue par un rapport et que mon refus institutionnel se situe bien en lien direct avec la première sanction que je me suis vu infligée en ce début d’année.

    Merci monsieur l’inspection d’académie pour cette double sanction très intelligente !

     

    J’ai donc enfin pu m’occuper des problèmes de chauffage et de tuyauterie de l’école…ce fut en effet l’unique point qui me fut reproché lors de la première audience avec les représentants institutionnels.

    Merci madame l’inspectrice de l’éducation nationale!

     

    J’ai ainsi pu améliorer ma manière de servir en poursuivant ma non remontée des évaluations nationales et en le faisant savoir, ce qui m’a valu encore un retrait de salaire, une non-prime (prime dont je ne voulais surtout pas…) et des menaces de procédure disciplinaire (comme de nombreux autres enseignants résistants) !

    Merci monsieur l’inspecteur d’académie !

     

    J’ai aussi pu apprendre de nouveaux métiers, ceux auxquels on ne pense absolument pas lorsqu’on s’engage dans un métier de l’humain, de l’éducatif ; juriste, tricoteur de textes, explorateur de jurisprudences et de recours, blogueur, expert en médias … mais, surtout, un que je n’oublierai plus jamais, celui de résistant.

    Merci monsieur l’inspecteur d’académie !

     

    J’ai pu apprendre grâce à une seconde audience avec mon supérieur hiérarchique ce qu’était l’obéissance du fonctionnaire, l’action d’un serviteur à la noble cause du fonctionnariat servile. Pour cela, j’ai eu droit aux semonces d’usage face aux articles parus dans la presse, aux admonestations acides sur cette résistance pédagogique, aux gronderies menaçantes sur une servilité à retrouver.

    Merci monsieur l’inspecteur d’académie pour ces menaces qui m’ont rendu encore plus fort !

     

    J’ai appris que rentrer des élèves dans un fichier numérique centralisé, nominatif, évolutif, partageable était la pire tâche que je n’ai jamais eu à exercer dans ma  fonction de directeur (ce dont je ne doutais déjà pas avant…). Il faut dire que je n’avais encore jamais vu un inspecteur oser cumuler autant de sanctions sur de pauvres directeurs désobéissants pour une aussi noble tâche. Ce fichier doit donc être extrêmement important pour l’avenir de l’Ecole !?

    Merci monsieur l’inspecteur d’académie de prendre autant de soin au fichage et à la traçabilité des jeunes de notre pays !

     

    J’ai appris que subir une sanction dans l’éducation nationale pouvait être un honneur, dans des temps où celle-ci est broyée par des intérêts supérieurs de marchandisation, rentabilisation et évaluationite aigüe.

    Merci donc monsieur l’inspecteur d’académie !

     

    J’ai appris à ouvrir mon champ restreint d’enseignant pour envisager celui-ci dans une réelle perspective de service public d’éducation en lien avec toutes les résistances passées et actuelles (d’où d’ailleurs le message que je viens de recevoir de Raymond Aubrac, grande figure de la résistance).

    A cela, je vous dis merci monsieur l’inspecteur d’académie !

     

    J’ai appris à ne plus rien attendre d’une institution capable du pire aujourd’hui…en espérant retrouver le meilleur. Je poursuivrai ainsi ma résistance au sein de tous les collectifs susceptibles de remettre un peu de raison et d’humanité dans notre monde éducatif pour enfin donner une chance à tous les enfants de ce pays d’apprendre et d’accéder à une culture que l’Ecole que vous défendez, monsieur l’inspecteur d’académie, continue à leur refuser.

     

    François Le Ménahèze, juin 2011

     

     

     

     

      

    Enseignants, parents, jeunes, réveillez-vous …ils sont devenus fous !!

     

    Nous le savons tous : les réformes actuelles de l’Ecole sont en train de rompre les fondements de notre Ecole républicaine. Chacun connaît la situation….on ne peut plus feindre de l’ignorer ! Les exemples ne manquent pas : suppression de dizaines de milliers de postes d’enseignants et d’acteurs du système éducatif ; programmes archaïques tellement éloignés des enjeux actuels des savoirs à construire ; « double peine » pour les élèves en difficulté ( heures d’aide personnalisée et stages vacances de remise à niveau en plus du temps  pour tous) ; disparition parallèle des réseaux d’aide aux élèves en difficulté ; semaine scolaire aux antipodes du bon sens et des études sur les rythmes de l’enfant ; formation initiale et continue dépecée de son essentiel pour y distiller une « bonne éthique » obéissante de fonctionnaire ; évaluations stigmatisantes transformant les élèves (…et les écoles !) en chiffres et pourcentages, avec dernièrement des échelles de risques pour les enfants de 5 ans ; fichage et traçabilité à travers le fichier Base élèves et le livret personnel de compétences ;   …

     

    Enseignants, face à cette casse en règle de notre Ecole, réveillez-vous !

    Ne sommes-nous pas entrés dans ce métier persuadés que nous pouvions contribuer à l’éducation des jeunes qui nous étaient confiés (le fameux « postulat d’éducabilité de Meirieu ) ? Les valeurs de coopération, de progrès pour tous, sont-elles vaines aujourd’hui ? C’est pourtant ce qui est en cause lorsqu’on « trace » des élèves de la maternelle à leur future employabilité, quand on libéralise un système en déployant des trésors ingénieux de compétitivité pour finaliser le tout dans un beau goulet hautement sélectif laissant encore les mêmes au pied du mur.

    Enseignants, il est temps de redevenir auteur de notre métier, et donc tout simplement de s’autoriser à dire « non », de reprendre autorité sur notre métier, autorité que nous n’aurions jamais dû perdre !

     

    Parents, face à cette casse en règle de notre Ecole, réveillez-vous !

    Prenez position là où vous pouvez le faire, dans vos associations de parents, lors de vos entretiens avec les enseignants. Au sein des conseils d’école, en provoquant échanges et débats sur le sujet…

    Montrez que vous n’êtes pas dupes, questionnez l’inquestionnable (l’évaluation, les rased, le fichage, …), montrez votre désaccord. Vous aiderez ainsi nombre d’enseignants à s’autoriser, à ne pas se laisser engluer dans la torpeur institutionnelle infantilisante qui les étouffe.

    Il en va de la scolarité, de l’évolution, de l’avenir de vos enfants dans un système éducatif qui se disloque encore plus à chaque nouvelle mesure.

     

    Jeunes, face à cette casse en règle de notre Ecole, réveillez-vous !

    Ne soyez pas dupes de ce qu’on vous prépare en vous assénant quotidiennement cours, contrôles, notes, ce cercle vertueux da la soi-disant connaissance.

    Comment peut-on encore croire que c’est ainsi que vous sortirez de votre ennui, de vos dénis de savoirs !

    Exprimez-vous sur votre vie dans votre établissement, sur la place de votre parole, de votre corps, de vos envies de faire, de vos désirs de vivre !

    Une lycéenne, cet été (Ouest France 22/08/2011), exprimait avec force ce qu’elle imaginait comme lycée idéal. Avec des mots on ne peu plus justes elle évoquait le manque d’investissement, de participation, le peu de place qui leur était offert  aujourd’hui dans l’établissement scolaire « Est-ce ici qu’on forme les futurs acteurs de la société ? » questionnait-elle en conclusion. Alors, suivez sa voie et soyez acteurs, prenez vos responsabilités dans vos écoles, collèges, lycées, universités.

    Prenez votre place dans vos désirs de recherches, dans vos besoins de culture, de savoirs.

     

    Il est temps d’arrêter de faire fonctionner, chacun de notre posture, une machine qui doit faire marche arrière pour enfin laisser place à une Ecole du savoir pour tous, à une Ecole de l’émancipation.

     

    François Le Ménahèze, enseignant,  directeur d’école, ex formateur

        

    Appel aux enseignants à construire collectivement

     

    une éthique professionnelle pour l'école d'aujourd'hui

     

     

     

     

     

    Il s'agissait en ce beau mercredi de janvier 2012 en Loire-Atlantique de se soumettre au bon vouloir de l'administration qui convoquait à nouveau les enseignants « récalcitrants » aux évaluations nationales CE1 (18 enseignants concernés). Cette convocation collective faisait suite à une audience du même genre quelques mois auparavant et qui concernait les enseignants dits « récidivistes » de non remontée des évaluations nationales CM2. Après des menaces sérieuses auprès de ces enseignants, le « non lieu » était déclaré pour tous. Nous ne doutons pas qu'il en sera de même dans le cas présent.

     

     

     

    Quels enseignements tirer d'une telle audience ?

     

    Un apport culturel de plus grâce au « powerpoint » de l'administration démontrant les bienfaits du nouveau pilotage de notre système éducatif par les évaluations nationales et le livret personnel de compétences ? Certainement pas !

     

    Et pourtant, deux points-clés émergent, deux axes sur lesquels chaque enseignant devra bien un jour se positionner.

     

     

     

    1-L'éthique professionnelle des enseignants

     

     

     

    Étonnamment, il en a été largement question lors de cette audience !

     

    En effet une question récurrente se pose depuis ces dernières années. Notre administration continue de nous considérer comme de simples exécutants et d'exiger que nous nous conduisions comme tels, obéissants et serviles, au nom d'une éthique professionnelle qui serait liée à notre statut de fonctionnaires. A ce titre, nombre d'enseignants aujourd'hui, malgré moult réticences et souffrances d'ordre éthique, se dépêtrent tant bien que mal des réformes actuelles : application des programmes, de l'aide personnalisée, des évaluations nationales, du fichage et de la traçabilité des élèves (puis des citoyens) ... ...

     

    Malgré tout, nombre d'autres enseignants continuent à exercer leur métier, au nom d'une éthique professionnelle non plus liée à cette obéissance servile mais à une éthique responsable et lucide appuyée sur les valeurs fondamentales de l'Ecole de la République. Evidemment, ce chemin est semé de quelques embûches (pressions, menaces, sanctions financières, convocations, ...), mais il est parallèlement empreint de cohérence et d'autorité retrouvée sur son métier.

     

    Comment avons-nous pu nous laisser déposséder à ce point de l'autorité que nous n'aurions jamais dû perdre sur notre métier d'enseignant ?

     

    Notre administration, lors de cette même audience, nous affirme partager nos valeurs de l'école. Non, nous ne partageons pas les mêmes valeurs ! Et nous l'avons réaffirmé... car nous ne travaillons pas pour une école du chiffre, du pourcentage, de la comparaison, de la compétition larvée, de la traçabilité...mais bien pour une école appuyée sur des valeurs de liberté, d'égalité, de solidarité, d'émancipation par le savoir et la culture.

     

     

     

    Le second point-clé abordé, et dont il est largement question aujourd'hui grâce à la mise en oeuvre des contre-animations, nous rappelle à quelques bons souvenirs :

     

     

     

    2-La formation des enseignants

     

     

     

    Comment supporter aujourd'hui le démantèlement de la formation (et par voie de conséquence de l'Ecole) ? Comment avons-nous pu perdre à ce point, nous enseignants, toute autorité sur notre propre formation? Les stages de formation continue sont réduits à la portion congrue et ne servent qu'à faire de la place pour les quelques stages des étudiants masterisés qu'il faut bien caser quelque part. Comment peut-on encore accepter cette pseudo formation au nom des valeurs éthiques d'une formation enseignante ? Comment peut-on accepter l'organisation d'animations pédagogiques sans que nous ayons un mot à dire, à part aux marges ?

     

    Non, nous ne partageons pas les mêmes valeurs d'une formation construite autour d'un conformisme à toute épreuve et du « formatage programmatique » abandonnant l'apprenant dans les méandres du savoir !

     

    Il est donc temps là aussi de reprendre, de retrouver toute l'autorité sur notre métier et sur notre formation qui en est un élément incontournable. Il est temps d'exiger ce que nous voulons de celle-ci, d'exprimer nos besoins, de travailler ensemble les problématiques professionnelles qui nous accaparent aujourd'hui.

     

    C'est ce que certains enseignants ont décidé de mener : dans un premier temps impulsé par le mouvement « Résistance pédagogique », deux contre animations autour de l'évaluation et du livret de compétences ont été organisées. Il ne s'agissait pas d'apporter la bonne parole du ministère mais bien, dans une dynamique de co-formation, de se reposer les questions fondamentales de notre métier. Initiative reprise à son compte cette année par le mouvement Freinet grâce à la mise en œuvre de formations ciblées autour des problématiques professionnelles actuelles des enseignants :

     

    difficulté scolaire et gestion de l'hétérogénéité, autorité et discipline, sens du travail et motivation. Il est possible aujourd'hui de travailler sur ses besoins de formation en s'autorisant simplement à se réapproprier sa propre formation.

     

     

     

    Approprions-nous ce que nous affirment actuellement les résistants d'hier : «Résister c'est créer. Créer c'est résister » Notre institution nous a dépossédés de notre formation, de l'éthique première de notre métier. Aujourd'hui, plus que jamais, un choix éthique s'offre à nous. Sommes-nous de simples exécutants ou voulons-nous devenir de véritables acteurs de l'Ecole ?

     

    Nous devons exiger de participer à la définition des finalités, des objectifs et des programmes de l'école. Il est temps, collègues enseignants, de nous autoriser à nouveau à exercer ce métier empreint de valeurs et d'humanité de manière pleine et entière dans un seul but : permettre à notre jeunesse de vivre pleinement le savoir, la culture, la citoyenneté et l'émancipation.

     

    Je vous invite donc à contribuer à la construction coopérative de cette éthique professionnelle, celle dont l'Ecole (et évidemment les jeunes) ont besoin pour le présent et l'avenir. Ce travail commun sera envoyé à qui de droit.

     

     

     

    François Le Ménahèze, enseignant, directeur d'école

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :